Quand la rivalité féminine, fantasme du patriarcat cède la place à la sororité.

Fév 23, 2024 | Biais, stéréotypes et préjugés

« Il n’y a rien de pire que les femmes entre elles »

Cette citation, du livre Rivales écrit par Marie – Aldine Girard reflète une réalité persistante dans un monde encore marqué par les stigmates du patriarcat et du capitalisme : les
femmes sont souvent conditionnées à percevoir les autres femmes comme des rivales et non comme des alliées, un phénomène illustré par
le syndrome de la reine des abeilles dans les milieux professionnels constitués majoritairement d’hommes.

Cependant, un nouvel autre terme fait son apparition de plus en plus souvent pour favoriser l’égalité professionnelle : la sororité. Elle représente un réel outil pour se diriger vers l’égalité femmes -hommes et pourtant, elle suscite beaucoup de critiques.

Qu’est-ce que la sororité ?

Tout d’abord, ce terme n’est pas nouveau. Il provient du latin soror qui signifie « sœur » ou « cousine ». La sororité, littéralement « solidarité entre femmes » est comme le féminin de fraternité. Elle incarne une alliance forte qui unit entraide et soutien pour avancer ensemble et plus vite. La sororité repose sur la conviction que le succès d’une femme ne nuit en rien à une autre, que l’unité crée une force collective. Il ne faut pas voir ses collègues féminines comme des rivales. La sororité permet la collaboration, le mentorat et le partage d’expériences, favorisant ainsi la réussite de toutes.

Pourquoi certains critiquent la sororité ?

 

Certaines personnes redoutent que la sororité soit perçue comme utopique, craignant qu’elle génère une division entre les sexes en excluant les hommes et de ce fait, ralentir l’égalité entre les femmes et les hommes. De plus, certaines femmes remettent en question la référence à la famille associée à ce concept car elles n’ont pas forcément envie d’être « sœur » avec toutes les femmes.

Enfin, un autre défi persiste dans certains contextes : celui du syndrome de la Schtroumpfette, théorisé par Katha Pollit en 1991. Ce terme s’inspire du personnage unique féminin des Schtroumpfs. Il illustre les situations où une femme est la seule représentante féminine au sein d’un groupe largement masculin. Ce personnage totalement stéréotypé de Peyo créé par Gargamel pour embrouiller les Schtroumpfs n’a aucun autre attribut que celui d’être de sexe féminin. La Schtroumpfette n’existe que dans les yeux des autres Schtroumpfs. Si il n’y a qu’une seule femme dans un environnement professionnel donné, les autres femmes seront en compétition pour prendre cette unique place et être celle qui sera « choisie » par les hommes. Aucune sororité possible. Le seul moyen de casser ce cercle vicieux est alors de permettre à d’autres femmes de venir grossir les rangs.

Quels sont les avantages de la sororité ?

 

Bell Hooks, militante féministe souligne l’importance de désapprendre les leçons qui enseignent que les femmes sont des ennemies naturelles. La sororité devient ainsi un moyen de construire un mouvement féminin durable, consistant et cohérent.

La question de la « non-mixité » choisie se pose, particulièrement au sein des réseaux de femmes en entreprise. Des espaces dédiés peuvent être nécessaires pour surmonter les freins spécifiques aux femmes. L’expérience temporaire de la non-mixité s’avère efficace pour lever ces freins, favorisant une libération de la parole et un accompagnement spécifique de carrière.

La sororité favorise également le mentorat entre femmes, un élément déterminant pour l’avancement professionnel. Cela permet également de renforcer la confiance en soi en offrant un espace où les femmes peuvent partager leurs réussites, leurs défis et leurs aspirations sans crainte de jugement, tout en participant à des actions de promotion de l’égalité professionnelle mixtes par ailleurs.

Pour favoriser l’égalité professionnelle, il est impératif de cultiver la sororité au sein de nos entreprises. Encouragez les initiatives de mentorat féminin en identifiant des rôles modèles. Organisez des évènements pour renforcer ces liens professionnels. La sororité ne signifie pas l’exclusion des hommes. Au contraire, invitez-les à participer aux discussions sur l’égalité des sexes et à soutenir activement ces initiatives. Encouragez la diversité dans les postes de direction et reconnaissez les accomplissements féminins.

 

 

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